Aphrodite s’en va au bain

« Aphrodite à Belle-île »

Marie Sallantin 
tempera sur toile, 1996, 150 x 150 cm.

Un paysage marin qui prolonge les embruns d’un Monet : l’Aphrodite de Marie Sallantin prend d’abord un bain de peinture, à ses pieds un morceau de toile vierge vient le souligner. Cette Aphrodite, cette Vénus, cette beauté en costume de vérité, nue, sortant de l’onde, incarne la Peinture du XXIème. Foncièrement libre d’être ces formes et couleurs en un certain ordre dansé, houle charnelle dont les masses valsent avec le ciel, le soleil et la mer, elle s’offre au regard comme une femme aux joies de la plage.

Aphrodite, la peinture du XXIème, est bonne fille et heureuse de l’être. Pas fière avec ça. A l’aise, na-tu-relle, délurée, certes, mais rien d’une dévergondée, cette Vénus là n’est pas vénale, belle mais pas Cabanel, elle ne « bougereaute » pas, elle ne « botticellise » point non plus, sur sa conque comme sur un piédestal. Elle passe, se prélasse, se délasse : il est des déesses tellement déesses qu’elles découragent d’être femme, pas celle-ci. Avec Marie Sallantin, l’Olympe nous visite en voisin.

Son Aphrodite figure ainsi l’Otium, non pas oisiveté vaine, mais bonheur d’être.

Prévert, quelque temps auparavant l’avait croisée :

Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats

Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi ?*

Christine Sourgins

*extrait du recueil « Paroles » de Jacques Prévert.

Publié dans Chronique, Sallantin, Salle Pigafetta